"Bertrand Méheust est professeur de philosophie, sociologue et membre du Comité Directeur de l’IMI. En 1999, sa thèse est publiée par Les Empêcheurs de Penser en Rond sous la forme de deux gros livres totalisant 1200 pages, Somnambulisme et Médiumnité. Un pavé dans la mare des controverses autour de la parapsychologie, mais aussi de la psychologie tout court... Vaste étude érudite, son livre retrace l’histoire des recherches, des théories et des concepts engendrés autour de la question des potentiels cachés de l’être humain depuis la fin du XVIIIème siècle".
" L'approche contemporaine de la divination est aujourd'hui traversée par un paradoxe : quand elle est étudiée par des historiens et des anthropologues, et porte sur des formes antiques ou non occidentales, elle constitue un objet prestigieux.En revanche, lorsque les parapsychologues et les métapsychistes se penchent sur les pratiques des voyants contemporains, ici même, en Occident, leur démarche est considérée comme suspecte et leur objet est taxé d'illusoire. Le positivisme et le scientisme ont beau être officiellement passés de mode, c'est à travers leur prisme l'on continue de voir le problème posé à notre culture par la persistance des pratiques divinatoires.La divination antique ne doit être étudiée que comme laboratoire de la future rationalité. Quant à la question de la réalité de la voyance elle n'est plus abordée parce qu'implicitement on la tient pour réglée. Pour nos historiens et nos anthropologues, il va sans dire que les devins ou les voyants n'ont pas accès à des réalités cachées, qu'ils ne peuvent prédire l'avenir ou voir à distance, et que leur pratique s'épuise en effets de sens.C'est ce consensus que l'auteur conteste. Aujourd'hui encore, en Occident, des hommes et des femmes savent se mettre dans un état de conscience spécial afin de se porter vers des « cibles » éloignées dans le temps et l'espace pour en ramener des informations vérifiables. La signification donnée à ces expériences par les intéressé(e)s et ceux qui les analysent est évidemment propre à notre temps, mais le fait de la métagnomie demeure.Une fonction mentale semble bien transcender les variations culturelles et persister sous des formes sans cesse renouvelées. Or la psychologie occidentale a fait jusqu'à présent l'impasse sur cette dimension de l'esprit. Mais si on fait l'hypothèse de sa réalité, on débouche sur une compréhension nouvelle de la vie psychique."
En conférence à l'IMI le 11 mars 2011
A l’occasion de la parution de son nouveau livre, Les miracles de l’esprit : qu’est-ce que les voyants peuvent nous apprendre ? (Les Empêcheurs de Penser en Rond / La Découverte, janvier 2011), Bertrand Méheust viendra poursuivre son travail de réflexion sur les liens à faire entre voyance et mémoire qu’il avait exposés lors d’un workshop à l’IMI en février 2010, alors que son livre était encore en chantier. Il indiquait alors que plus on réfléchit à la voyance (ou « métagnomie »), et plus on réalise qu’elle fonctionne comme une dimension étendue de la mémoire. Ce constat est lourd d’implications historiques et épistémologiques, que Bertrand Méheust évoquait en faisant jouer ce que les philosophes appellent un « cercle herméneutique » : la conception antique de la mémoire peut être revisitée à la lumière des découvertes de la parapsychologie moderne ; mais inversement la parapsychologie moderne est interpellée par la conception antique de la mémoire.
Maintenant que l’ouvrage paraît, Bertrand Méheust revient sur son parcours, sur les parties qu’il a dû sacrifier, sur les problèmes rencontrés, sur les pistes qui restent à explorer...
Ici présentation sur France Culture de son livre en 4 minutes :
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