Les 7 niveaux dans la création artistique et façon de vivre des personnes
Alejandro Jodorowsky |
Alejandro Jodorowsky, né en 1926
au Chili de parents russes, artiste multiformes, écrivain,
réalisateur, poète, thérapeute, maitre en tarot, mystique, internationalement
reconnu, collaborant avec de grands dessinateurs comme Moebius, a
décrit 7 niveaux dans la création artistique, du personnel à
l'impersonnel, lors d'un Cabaret Mystique à Paris le 24 janvier
1990, transcris par Leila dans le numéro 100 de Cabaret mystique.
Voici en résumé l'essentiel de ces 7
niveaux dans la création artistique
Le premier niveau est la persistance.
La persistance est ne pas changer, répéter les mêmes erreurs, les mêmes schémas de vie, pas de nouveauté.
Cela donne des artistes alcooliques, comme ces écrivains
américains alcooliques qui buvaient car d'autres le faisaient en
écrivant. C'est aussi Samuel Beckett qui attend Godo qui n'arrive
jamais, pas de changement.
Cela donne des dessins, des textes, de la
musique où habitent l'angoisse. L'artiste répète le même style de
peinture toute sa vie. Dans la littérature mondiale, il y a beaucoup
d'histoires qui sont à ce niveau de répétition constante. Une vie
abimée.
La personne s'incruste dans ses
activités, son travail, ses amis, sa maison, elle est comme une
tortue, c'est la routine. Elle se met dans une boite de conserve. La majorité des personnes au
pouvoir sont dans la persistance. La persistance c'est entretenir
des croyances fausses et limitantes, c'est croire en la fatalité.
Comme disait Gurjieff Philosophe
russe, tout m'arrive. « Tout est en train d'arriver au héros
de cette création artistique mais, fondamentalement, l'être
essentiel ne change pas. Il n'y a pas de changement. »
La personne est fermée aux
enseignants spirituels, elle les hait et spirituellement « elle
pue ». ils défendent leurs persistances et ils sont en
compétition avec les autres, tout de suite jaloux, ou en colère.
En psychologie, c'est Freud.
Le deuxième niveau est Métamorphosis
Métamorphosis c'est le changement, la transformation, l'acceptation.
La personne s'isole de la société
de la persistance, et fait son travail intérieur, accepte sa douleur
et se transforme. J'arrête la répétition, « Je stoppe le
monde » comme a dit Castaneda, j'arrête mes activités et
j'entre profondément en moi dans la chenille, dans le présent,
l'éternité, la Totalité. « oui, arrêter ! Comprenez vous
cela ? Il faut arrêter une forme de vie pour entrer dans la
chenille », mourir puis se métamorphoser en papillon, en ce
nouvel être, trouver son âme.
En psychologie, Jung s'est
beaucoup intéressé au processus de transformation. Dans ce niveau,
les rêves et les cauchemars sont interprétés.
L'artiste se vit comme un héros
qui a réussi à se transformer, il a besoin d'être admiré, il est
narcissique.
Le troisième niveau est la Transmutation.
La personne va aider les autres à sortir de la persistance, à se métamorphoser et révéler le meilleur, « je te transforme ».
« Je peux te dire : « Arrête
! Stoppe et Mets-toi dans ta chenille et change ! Crée, fais sortir
le meilleur de toi-même ! »
Je vais me poser des questions
essentielles, qu'est ce que je nourris ? Économiquement,
créativement, spirituellement, intellectuellement ?
Les rêves à ce niveau sont
lucides, je dirige mes rêves. Je fais des rêves de conscience.
L'artiste devient un mage, son
œuvre est donnée pour devenir soi-même, elle participe au
changement et à l'évolution du monde, de la société et des
autres, non pas tout changer mais commencer à changer. « Déjà,
il ne pense pas seulement à être un grand artiste, pas seulement à
être un être humain beau ou belle, il pense à ce qu'il va faire
avec les autres et où va cette action pour que l'autre change. »
Intérieurement, il y a une
dignité, une vigilance afin de nous pas retourner à la persistance.
On revient à notre transmutation
tout le temps, avec amour et patience, sans haine et sans violence et
on affirme : « ça, vous devez le changer. Vous devez entrer
dans le stop. Vous devez commencer à entrer dans vous-mêmes. Vous
devez arriver au meilleur de vous-mêmes. Pas d'excuses ! »
Le quatrième niveau est l'Adoration
Adoration du Divin, de la Nature, les végétaux, les pierres, les animaux, les galaxies ; la reconnaissance du Divin est réalisé.
Rares sont les artistes à ce
niveaux là. C'est la construction des temples et des cathédrales,
la poésie universelle, l'artiste devient un mage, un magicien.
Je ne suis pas un égo, mais je
suis un produit divin, je suis un être universel. Je suis en
adoration de ce que je suis. Je communique avec la Vie, avec la
Lumière, avec mes organes, ma présence, mon vide ; je me reconnais
comme un temple, le « Je suis ».
Je fais un temple du Monde, je
suis en adoration. « chaque être humain est un temple. Chaque
être humain est une cathédrale. Chaque nation est quelque chose de
sacrée. »
Je suis en adoration pour la vie
qui est la mienne. La cérémonie du thé est faite à ce niveau-là.
J'affirme fièrement le bien dans
ma vie, le bien en moi, je n'ai pas à m'excuser d'être ce que je
suis.
A ce niveau, je fais des
collaborations avec une autre personne du même niveau, la
compétition s'arrête, je participe à des cercles, des rondes, je
collabore.
Chacun est différent, un cœur
magnifique et une « magnifique collectivité en extase ».
Le cinquième niveau s'appelle Le Retour.
Une fois arrivé à l'Adoration, on revient dans un art plus modeste et on retourne à la vie quotidienne de façon ordinaire, de manière joyeuse.
Alors que ce
sont les mêmes actions que les persistants, le quotidien n'est plus
le même. Le Zen, disait Joshua, c'est le quotidien.
Mon état est dans une joie
perpétuelle, et tous ce qui fait les valeurs humaines, grandes ou
petites , sont des joyaux.
C'est le Paradis, tout en sachant
que Nirvana et Samsara sont la même chose, comme l'Enfer et le
paradis. Dans ce niveau là, l'enfer n'existe pas. Je reviendrais
plus loin sur ces notions de Nirvana et Samsara.
Dieu est là, il est partout.
Je communique avec la Totalité,
je vis ma vie « au milieu de la totalité et je suis pareil :
je suis un homme ordinaire. Comme tout le monde. Je n'ai pas besoin
de mettre des distinctions, des bagues, des médailles, des diplômes,
des insignes, des mots savants... Simple ! »
On se cache plus pour faire les
choses, on vit non plus dans l'obscurité mais dans la lumière, dans
la vérité.
Le sixième niveau est Tout est Beau.
« Lorsque l'on va dans la vie en état de retour, tout ce qui se passe dans la vie est peut être pour le bien. Chaque chose qui t'arrive est pour le bien. Il faut savoir en tirer parti. »
Le septième niveau est l'Art Sacré.
C'est un état de médiumnité où la nature, la divinité, le grand plan de l'univers parle à travers l'artiste. Ce n'est pas son inconscient qui s'exprime mais son supraconscient.
Très peu d'artistes, arrivent à ce degré. Grâce à l'imaginaire, je voie la
vie d'une autre manière, je peux manifester des conversations avec
Dieu. Par l'imagination, la terre parle à travers moi, le micro, les
cartes. Je peux imaginer redevenir un enfant, que l'Univers parle à
travers moi. « J'imagine que Dieu parle à travers moi. Alors,
je me donne au plus haut de ma conception et je laisse parler le plus
haut de mon imaginaire à travers moi avec des mots humains. »
Bouddha, Mahomet, le Christ, les
apôtres, Saint Jean les grands inspirés, les constructeurs de
cathédrales, les grands artistes marquent ce niveau de l'Art Sacré,
où religion, spiritualité et art se rejoignent.
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