La méditation permet de développer son intuition et d'améliorer la conscience de soi et d'être réceptif aux signaux du corps qui sont à la source de l'Intuition. De plus le bien-être qu'elle engendre, la méditation en calmant l'esprit, permet d'être plus attentif à la petite voix de la sagesse en Soi et aide à la prise de décision.
Par Christophe André, Psychiatre et Auteur
Christophe André, Psychiatre et auteur |
La solution de la pleine conscience
La pleine conscience consiste à être
présent à l'expérience du moment que nous sommes entrain de vivre,
sans filtre (on accepte ce qui vient), sans jugement (on ne cherche
pas si c'est bien ou mal, désirable ou non), et sans attente (on ne
souhaite pas que quelque chose arrive ou se passe).
La pleine conscience est donc une
simple présence – juste être là -, mais si difficile à
atteindre... En générale notre attention n'est que partiellement
consacrée à ce que nous sommes en train de vivre. Et nous faisons
des efforts pour nous concentrer sur certains points (qui nous
semblent alors importants) plutôt que sur d'autres (que nous jugeons
secondaires). Lorsque Evguénia Guinzbourg est touchée par le
murmure des grands arbres sous le vent, elle pourrait considérer que
c'est secondaire par rapport à l a gravité de sa situation : elle
va peut-être être condamnée à mort.
Mais non elle est en pleine conscience,
et le murmure des arbres est à cet instant précis ce qui est le
plus important à son esprit. Fuite d'une situation trop douloureuse
? Mécanisme de défense, comme diraient les psychanalystes ? Je ne
pense pas. Plutôt lucidité infinie. C'est que la pleine conscience
peut aussi être comprise comme le niveau supérieur de l'acceptation
: une sagesse intégrative, qui replace le détail dans son tout. Au
moment où je vais peut être mourir, qui peut dire s'il n'est pas
suprêmement important d'écouter une dernière fois le murmure du
vent ?
En psychologie, la conscience est le
mélange de l'éveil (cette disponibilité pour toutes les
stimulations de l'environnement qui nous arrive) et de l'attention
(la capacité de se focaliser sur un aspect de ce qui se passe). La
pleine conscience est donc une intégration optimale de cela :
présence, mais intense et disponibilité, mais à tout. On aurait pu
aussi l'appeler « plein éveil ».
Elle n'est pas une forme de passivité
et d'acceptation aveugle : elle permet d'habiter le présent, mais
avec souplesse, en étant dans la possibilité de se désengager, si
on le choisit, et en tout cas, en en étant conscient.
Les capacités de pleine conscience
sont présentes chez chaque humain. Elles dépendent sans doute
d'aptitudes naturelles à la concentration et à l'ouverture (les
deux devant être liées et synchrones), mais elles peuvent aussi
s'acquérir ou se développer par l'entrainement. Jusqu'à présent,
cet entrainement est peu valorisé en Occident, où l'on donne plutôt
la priorité à l'action et à l'intervention systématique. Chez
nous, l'admiration pour les sages est moins grande que l'admiration
pour les vainqueurs.
Bénéfices de la méditation
La méditation nous aide à comprendre la nature de la pensée.
En réalité, nous ne pensons pas :
notre esprit produit des pensées, que nous choisissons et
sélectionnons, ou qui s'imposent à nous. Nous ne faisons que subir
et choisir. La production nous échappe, nous n'arrivons qu'en aval.
Méditer nous rend plus conscients de cela : notre cerveau comme un
robinet à pensées, ouvert sans cesse pour le meilleur et pour le
pire. Et méditer nous aide donc à mieux choisir et moins subir,
parmi le flot de ces pensées. Plus la pratique méditative est
régulière, moins il existe de tendances à la rumination.
La méditation enrichit les états d'âme et aide à leur régulation.
La méditation aide à la prise de
conscience de nos états d'âme, à mieux comprendre leurs liens avec
nos sensations physiques, à déceler aussi comment nos états du
corps (tension, douleur, faim, fatigue) influent sur nos états
d'âme.
De ce fait la pratique de la pleine conscience peut aider par
exemple à la prise de décisions (dans les situations complexes
notamment) car elle améliore notre discernement des « marqueurs
somatiques », ces petites sensations corporelles à la
source de l'intuition. Le petit pincement que l'on ressent
lorsqu'on s'apprête à dire oui alors qu'on pense non, ou le malaise
face à quelqu'un qui nous ment ou cherche à nous imposer une
décision, où l'inconfort à prendre une décision qui paraît
logique mais qui nous met mal à l'aise pourtant : nous pouvons être
mieux à même de prêter l'oreille, ou plutôt le corps, à tout
cela.
De même il est probable que la
méditation, en facilitant les états cérébraux de synthèse,
facilite aussi les processus de résolution de problème, conscients
et inconscients : ces mécanismes, par lesquels, ayant réfléchi
tranquillement à une question, la réponse nous arrive un peu plus
tard.
La méditation permet de meilleures capacités de concentration pour travailler ou réfléchir.
… il est probable que la pleine
conscience permet de nous amener à plus de créativité, par moins
d'autocensure. Qu'elle nous aide à réfléchir portes et fenêtres
de l'esprit grandes ouvertes : à tout accueillir avant de décider.
La méditation est corrélée au
bien-être, et semble associée chez ses pratiquants à une fréquence
plus grande d'états d'âme positifs, et moindre de négatifs.(...)
La méditation facilite le changement d'attitude et de conviction.
Parce qu'elle entraine à l'ouverture,
à la curiosité et à l'accueil de ce qui est. Elle facilite la
tolérance à la différence et la compréhension d'autrui, mieux que
la simple information : car l'information ne marche qu'auprès de
gens souples au préalable, réceptifs. Une étude avait ainsi montré
qu'une forme particulière de psychothérapie basée sur
l'acceptation de mieux faire évoluer les préjugés.
La méditation aide à savourer l'existence.
Non seulement parce qu'elle nous rend
davantage capables de ne pas nous noyer dans nos ruminations, que
nous identifions au plus vite. Mais aussi parce qu'elle nous aide à
mieux savourer les bons moments, auxquels elle nous rend plus
profondément présents.
Christophe André – Extrait du livre
les États d'âmes, un apprentissage de la sérénité. Edition Odile Jacob, Collection
Psychologie, Paris, 2011.
(page 332-333 ; 336-339)
Pour aller plus loin
Le site de Christophe André
Méditer aujourd'hui, par Christophe André
Christophe André invite Frédéric Midal
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire