Les voies qui mènent à la prémonition
Si la prémonition est une réalité –
s'il nous est réellement possible de savoir une chose avant qu'elle
n'arrive -, nous voici d'un coup parachutés dans deux des débats
les plus insolites et les plus controversé de l'histoire de
l'humanité : la signification du temps et la nature de la
conscience.
Si les prémonitions existent, tous nos
présupposés à propos du temps – il s'écoule inexorablement dans
un seul sens, et nous sommes condamnés à ne jamais connaître que
le passé et le présenté – sont forcément faux, parce qu'ils sont
contraires à l'idée même de prémonition.
Comment faire alors ? Quelle autre conception de temps s'accorde avec la notion de prémonition ?
On peut par exemple considérer que le
passé, le présent et l'avenir sont présent simultanément,
disposés sur ce que les physiciens nomment un « univers-bloc »
et qui ressemble à un présent éternel. D'ailleurs, « connaître
l'avenir » ne voudrait plus rien dire puisque futur et présent
existeraient en même temps.
Le physicien David J. Miller du Centre for Time de l'université de Sydney, en Australie, dit : « Quand on se place dans la perspective de l'univers-bloc, l'avenir et le passé ne font plus qu'un, de sorte que plus rien n'interdit qu'il y ait des causes provenant du futur comme il y a des causes issues du passé."
Ou alors, comme le suggèrent certains
physiciens, on peut se dire que le temps est capable de se retourner
sur lui-même au moyen de « boucles spatio-temporelles closes »
permettant aux informations du futur de surgir dans le présent.
Peut être est il possible de modifier notre notion du temps en intervenant sur la perception que nous en avons. L'idée d'un temps ne s'écoulant que dans un seul sens, nous disent la plupart des physiciens, est une illusion psychologique.
Pouvons nous renoncer à l'illusion ? Pouvons-nous
« changer le temps » en modifiant notre façon de penser
? Il semblerait que oui. De nombreuses pratiques de méditation au
sujet de s'extraire en quelque sorte du temps, pour éprouver le
présent éternel. Il s'en dégage une version du réel compatible
avec la prémonition.
Mais un problème demeure, qui concerne
la nature même de la conscience. Dans leur quasi-totalité, les
théories récentes qui circulent aujourd'hui dans le milieu
scientifique à propos du temps partent du principe que la conscience
est confinée au cerveau et au corps. Mais ce principe est peut être
erroné.
Peut être la conscience est-elle libre d'aller et venir dans le temps et l'espace. Si c'était le cas, elle serait capable de s'évader du présent, de faire un saut dans le futur, d'y saisir une vision et de revenir bien vite au présent, produisant ce que nous éprouvons comme une prémonition. Ou alors peut-être que la conscience est déjà présente partout dans le temps et l'espace, et qu'elle n'a pas à voyager du tout. Dans ce cas, la conscience autant accès à toute information existante, ayant existé ou qui existera. Cela signifierait que la prémonition surviendrait automatiquement, parce que aucune information ne lui serait occultés. Il serait aussi simple de connaître les informations du passé et du futur que celles du présent. La prémonition n'aurait plus rien d'extraordinaire ou d'excessif, et nous n'en ferions pas tout un plat.
Il est donc possible d'envisager la prémonition en
réajustant notre perception du temps à l'aide de nouveaux modèles
physiques, en renonçant par des approches méditatives à l'illusion
d'un temps qui s'écoulerait en un sens unique, en rependant la
nature de notre conscience, ou en associant plusieurs de ces
alternatives.
Il existe un autre moyen, la preuve. La
méthode n'a rien de spéculatif, de théorique ou de philosophique.
Elle ne repose pas sur l'argumentation mais sur les faits.
J. B. Rhine, fondateur légendaire de la parapsychologie expérimentale aux États-Unis, constitue un exemple de cette démarche.
Comme nombre de philosophes et de
scientifiques actuels, il peinait à admettre la possibilité de
l'existence de la précognition, car elle aurait signifié,
disait-il, qu'en effet puis précéder sa cause. « Il est
difficile d'accepter que l'acte de perception, qui est un résultat,
puisse survenir avant sa cause. S'il y a bien une circonstance en
sciences où le terme « impossible » semble s'imposer,
c'est au sujet de l'hypothèse de la prophétie. » Mais Rhine a
jugé que c'était à la théorie de se conformer aux faits et,
considérant que la connaissance du futur avait été
expérimentalement prouvée, que c'était à la science de produire
une description du monde compatible avec la précognition.
Ainsi la preuve doit-elle peser sur
l'évaluation de la prémonition : c'est à la théorie de céder
devant les faits. Il faut mettre de côté tout sentimentalisme,
renoncer à nos idées préconçues, si impitoyable cela soit-il à
l'égard de nos vues personnelles et de nos théories chéries.
Thomas Henry Huxley, perpétuel défenseur de Darwin, évoquait cette
démarche en ces termes : « C'est la grande tragédie de la
science – l'assassinat d'une belle théorie par un fait ignoble. »
Dans la prémonition, la conscience s'exprime hors de l'ici et maintenant, et se comporte comme si elle était libre de toute contrainte relative au temps et l'espace.
Les implications de ce principe sont énormes, car si notre esprit n'est pas soumis aux contraintes de l'espace, il est omniprésent, et s'il n'est pas soumis aux contraintes du temps, il est immortel et éternel. Et s'il n'y a pas de limite aux esprits individuels, ceux-ci sont nécessairement regroupés dans quelque dimension où ils constituent un esprit unique, commun. Dans le jargon de la physique moderne, on dit d'un tel esprit qu'il est "non local".
Il n'y a plus à attendre de la communauté scientifique qu'elle adhère à la notion d'esprit illimité, infini et non local. Elle l'a déjà fait.
Il n'y a plus à attendre de la communauté scientifique qu'elle adhère à la notion d'esprit illimité, infini et non local. Elle l'a déjà fait.
Une conférence très intéressante de Larry Dossey sur la Conscience pour un nouveau paradigme.