vendredi 14 octobre 2011

Enseignement 4

Alejandro Jodorowsky :
La sainte guérisseuse m’a dit : « Continuons à transformer tes mains animales en mains magiques, conscientes. Assieds-toi avec le tronc très droit, sur cette chaise. Mets la main gauche, en extension et avec la paume vers le ciel, appuyée sur ton ventre, à quatre centimètres sous le nombril, légèrement repliée, comme si tu soutenais une sphère invisible d’énergie pure. Soulève maintenant le bras et met la main droite, verticale, avec les doigts étirés et la paume vers moi, à la hauteur de ton épaule, comme si voulais dire « Halte, Arrêtez ! ». Imagine maintenant que je suis un tigre fou qui veut t’attaquer, qui te surveille en grognant avec haine et prépare tous ses muscles et ses canines à faire le bond assassin vers toi. Pense maintenant que tu as une paire d’oreilles trois fois plus grandes que leur taille normale et écoute en toute conscience ce que je vais dire :

« Enfant chéri de l’âme, la prise de conscience ne signifie rien s’il n’y a pas une réalisation immédiate. La prise de conscience qui n’est pas suivie d’une action, s’en va. Quel est le résultat de cet état malade ? Faire de grandes prises de conscience et ne rien effectuer. Ainsi, tu te prives d’avancer. Et pourquoi n’avances-tu pas ? Parce que tu es encore dans tes caprices infantiles, tu n’as pas grandi, on ne t’a pas pris en considération. Tu apprends une chose et tu ne la mets pas en exécution. Conception égal exécution ; sans exécution il n’y a pas de perfection.

Le bénéfice qui est fait à quelqu’un est de le conduire à apprendre de lui-même. Je te donne les moyens. Comme si c’était une recette, tu dois donc apprendre à la cuisiner.

La main horizontale sur ton ventre, c’est l’arc en ciel. « Je rassemble en moi-même l’énergie. « Moi-même » est un trésor… La main verticale c’est lancer. Lancer quoi ? Je vais te le dire, enfant chéri de l’âme. La magie s’obtient avec une patience qui est la suppression constante de l’impatience.

« Je rassemble en moi-même l’énergie ». Si tu reçois une agression, cette agression est amour, si quelqu’un veut t’envahir c’est parce qu’il te valorise ; C’est pourquoi tu te laisses envahir, parce qu’il y a une forme d’amour dans l’invasion, d’une certaine manière tu choisis qu’on t’envahisse ; même dans un viol il y a désir ; si dans ta vie on ne t’a jamais aimé et qu’arrive quelqu’un qui t’envahit, qui veut entrer dans ton noyau, d’une certaine manière tu te sens flatté, c’est-à-dire que d’une certaine façon tu as choisi cette invasion. Le tigre fou a choisi d’attaquer Dieu-Déesse qui règne dans tes entrailles. Pourquoi cette cruauté a choisi d’attaquer le sacré que tu portes en toi ? Elle est cruelle, elle ne sait pas ce qu’elle attaque, seulement le tigre sait qu’il a faim et que tu es un bon aliment.

Je vois que dans l’agression que tu as envers tes parents, il y a de l’amour, parce que tu n’as pas été aimé par eux comme tu le voulais. Alors, tu arrêtes le tigre, « Halte ! » Tu arrêtes ta rancœur, ta haine, ta souffrance. Tu rassembles la force du tigre, tu la purifies en amour et tu la retiens en toi. Regarde le tigre, ton ennemi, et souhaite-lui sa réalisation. Parce qu’avec sa réalisation il va entrer en communication avec toi-même. Tu lui souhaites qu’il soit réalisé, donc tu souhaites qu’il t’envahisse. Comment le fais-tu ? Comment le purifies-tu ?

Tu transformes ta main verticale un miroir. « Regarde-toi tigre, regarde ta monstruosité, sois honteux, pacifie-toi, n’aies pas peur de te voir toi-même, cesse de te critiquer, ne te juge pas, livre-toi, confie-toi. » Fais que ta main verticale soit allumée, imagine-là transformée en feu. Couche le tigre. Comprend, enfant chéri de l’âme, que ce tigre c’est toi, et que tu es aussi son dompteur. Couche-le, fais en sorte qu’il t’obéisse, fais qu’il sente sa haine comme un excrément répugnant… Transforme maintenant ta main de feu en une porte d’eau. Dis au tigre fou : « Viens, mon cruel, traverse cette douce porte d’eau, et descend à la source, viens boire ici au Dieu-Déesse. Tu boiras dans ma main ouverte. » Sens que tu absorbes dans ta main verticale tout le tigre fou, qui maintenant, ferme, se confond avec ton âme. Fais descendre lentement cette main verticale vers la main que tu as étendue près de ton nombril. Avec l’index de la main droite appuyé sur le pouce, montre vers la paume de la main gauche comme l’œil d’un cours d’eau affectueuse qui ne cesse pas de jaillir. Je le dis à ma main droite, à mon esprit desséché, « Instruis-toi, bois de l’intuition ! ». Et ainsi commence ton apprentissage, à être maître de toi même. Commence par l’intellect, suivi par le sexe, ensuite par le coeur, et par les nécessités corporelles. C’est le début de la perfection. Dis-toi à toi-même : « Viens me voir et instruis-toi. J’ai de l’eau à te donner. »

Et cette eau est infinie. Cette main horizontale est la source de la vie éternelle, elle est la base de la cathédrale de ton âme. Elle est tout le temps, elle est toujours, elle est quelque chose qui créé, elle est la création continue, elle contient le sang du Christ, c’est l’amour, une source, un trésor. La source est remplie et donne, et donne et plus elle donne, plus elle a. Et pourquoi est-elle remplie ? Parce qu’on la vide, elle est nettoyée, c’est la source la plus propre du monde. Elle est si vide et si propre qu’elle est remplie de la force universelle. « Viens boire de ma force. Inonde ton corps, ton esprit, tout ton être »… Tu tends alors ta main gauche, horizontale, vers moi, vers le monde, vers l’infini et non seulement tu donnes mais aussi tu offres dans une attente sacrée. Et viennent vers toi les oiseaux du ciel, les animaux de la terre, les Anges qui peuplent le cosmos, tous viennent pour boire ici. Tu mets l’aliment : tout ce que tu as à donner. Ne te diminues pas, tu en es capable ! Mets tout ce que tu as à donner, la tendresse que tu as à donner, l’énergie à donner, l’enseignement à donner, la tendresse à donner. Médite sur ce que tu as à donner. Sur ce que tu as dans cette main à donner aux autres, à tous les êtres du monde, à tous les tous les êtres conscients, à tous les vieux dans le monde, à les tous les adolescents, à tous les enfants du monde et aussi à tous les morts et aussi à tous ceux qui naîtront. Bonté, énergie, construction, art… qu’as-tu à donner ? Tu cherches alors ton eau bénite pour que les gens viennent être bénis dans cette eau, c’est l’eau du cœur que tu portes. C’est ainsi que pour arriver à la perfection, tu te mets à étudier. Le tigre pour cesser d’être tigre et se transformer en ange, a besoin d’une discipline sacrée. Maintenant, je te mets à l’instruction. L’instruction c’est boire de l’eau infinie du monde, de mon eau, de mon vin.

Concentre-toi sur ton index uni au pouce pour former un cercle. Tu vas d’abord vers la perfection avec l’intellect, apprends à l’autre et en même temps apprends de toi-même. C’est cela apprendre. Tu as la capacité d’enseigner unie à la capacité de recevoir l’enseignement.

Unis maintenant le majeur de la main droite avec le pouce pour former un cercle. Quand on met la main ainsi, il y a le concept de consolation. Consolation, parce que le tigre fou que nous avons emprisonné, a besoin d’une consolation. Il faut la lui donner. Et la consolation c’est donner la sécurité, le rassurer et le conduire vers la nouvelle voie. « Je te souhaite la réalisation de tes désirs. Si tu veux boire de mon eau, bois de mon eau, mais pas des illusions que tu te fais ». Et alors l’instruction commence. Dans la vie quotidienne il faut parfois faire cela. Reconduire le désir de l’autre. Ou l’agression de l’autre. Et on fait ainsi, « je te souhaite que tu te réalises ». Et cela est une grande commisération et une grande consolation pour l’autre. La notion qui passe dans l’autre, quand il boit dans ta main, l’essentiel, est que la personne soit consolée, savoir qu’elle ne sera pas abandonnée. Si tu te mets dans la loi de dieu-Déesse, qui est de demander pour toi, de ne pas envahir, mais demander pour toi, c’est-à-dire, de progresser dans le monde, tu ne seras pas abandonné, tant que tu boiras de l’eau bénite tu ne seras pas abandonné.C’est ce qu’un enfant demande, que tu ne l’abandonnes pas jusqu’au moment où il veut s’en aller faire sa vie. Il faut dire à l’enfant, « je vais te donner ceci, je vais t’instruire, et pas t’abandonner » parce que c’est terrible un enfant abandonné, parce que c’est terrible que ton ego illusoire abandonne ton âme.

Tout apprentissage doit être compris, senti, et ensuite absorbé. C’est comme conduire une voiture, on commence avec le cerveau, on passe ensuite au cœur, ensuite au sexe, et ensuite c’est quelque chose de mécanique. Chaque mutation magique requiert un temps, tout requiert son temps.

Tous ces gestes des doigts, viennent aussi du geste de compter. Le pouce a été utilisé pour compter, pour énumérer, ce geste vient de la mémoire de la race humaine qui a compté et a énuméré. Il s’est ensuite réalisé.

Unis ton annulaire au pouce et sans peur entre dans tes désirs sexuels et fabrique avec eux tout type choses, papillons, aigles, arbres, des pierres précieuses. Unis ton annulaire avec ton auriculaire et entre dans la satisfaction d’avoir ce corps que tu as, tel qu’il est. Je vais te laisser assis ici de nombreuses heures, seul dans l’obscurité, pour qu’avec une discipline totale, tu mettes ton âme dans chacune de tes cellules et que tu les aimes. Ensuite mets ton âme dans chacun de tes membres, dans chacun de tes viscères. Transforme le tigre fou en une féroce joie de vivre. Ce n’est qu’enivré de joie de vivre que tu pourras étendre tes mains magiques, comprendre le monde entier et le guérir.

Source :
http://plancreateur.wordpress.com/2011/07/27/pensee-magique-14-%e2%80%a2-les-enseignements-de-dona-magdalena-4/

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