mardi 11 octobre 2011

Enseignement 6


Alejandro Jodorowsky :
(La sainte guérisseuse, pour continuer à me montrer ce qu’était de sentir la magie de mes mains, m’a fait agiter les bras avec délicatesse.)

Je veux qu’avec tes mains, tu ouvres comme un voile. Tes mains dans l’air peuvent ouvrir des voiles, et je veux que tu trouves des chemins dans l’air. Tu peux sentir que tu pénètres dans l’air, ouvrir des chemins où tes mains se promènent. Il y a des lieux dans l’air que tes mains vont sentir. Sens ce côté de la main, comme si tu voulais caresser. La délicatesse est essentielle pour la force. Sens maintenant tes ongles, tous. Sens maintenant la paume, comme elle est énergie, comme elle est délicatesse. Je te demande que tu caresses l’air comme s’il était un volume, et que là tu dessines, que tu touches. Devant toi il y a une forme, rencontre-la, une forme abstraite ou réaliste, qui te correspond, crée une sculpture. Sens les bords de tes mains, de ce côté et de cet autre côté. Et sens entre les doigts. Sens tout cela.

Maintiens tes mains ainsi, et par un effort de conscience ressens la matière, le poids de tes mains, qui sont chaque fois plus lourdes. C’est le poids de ta vie, c’est le poids de ton être, c’est le poids de ta pensée, c’est le poids de tes sentiments, c’est le poids de tes désirs, c’est le poids de ton corps. Sens la solidité, elles sont très solides tes mains, elles sont la partie la plus importante de ton corps. Sens si elles sont propres ou si elles sont sales, si elles se sentent coupables ou non coupables. Analyse tes mains à la lumière de tes actes. Vis l’innocence de tes mains, et s’il y a culpabilité, tu l’élimines. Ce sont maintenant des mains lavées, elles sont maintenant innocentes, elles méditent, tu n’as rien à dissimuler.


Et lentement, lève le poids de tes mains, fais qui tes mains deviennent douces, légères, spirituelles, transparentes. Tout ton corps va soutenir tes mains. Cherche dans tes mains la jeunesse, cherche l’ingénuité infantile. Et vois plus loin, apprends à déplacer tes mains avec la petitesse d’un enfant. Pose tes mains sur la poitrine, parce que tu vas te convertir en fœtus. Les doigts vont disparaître, tu as une main minuscule, tu es dans l’eau maternelle et tu sens « je vais faire naître mes mains, je vais faire grandir les paumes, et ensuite je vais faire grandir chacun mes quatre doigts et mes pouces » Et tu assiste ainsi au mouvement cellulaire de tes mains et ainsi tu vas faire naître tes mains nouvelles.

Détend maintenant les mains, rends-les douces, très douces, abandonne la volonté. La main forme comme un petit bol, comme une petite cuiller. Les doigts se touchent les uns aux autres, mais il n’y a pas de tension. Une cuillère doit être vide, comme la lune doit être vide pour recevoir la lumière. Cette main est vide, c’est un instrument de réception. Je la met ici sur mon ventre, j’appuie sur mon pelvis. La main tombe, presque à la hauteur du sexe, tranquille, elle tombe de son propre poids. C’est une main de réception.

C’est prendre la voie, le chemin, et quand on prend le chemin on le l’abandonne pas. Cette main ne sera pas distraite. Que reçois-tu dans cette main réceptive ? Tu reçois la matière avec laquelle le bol est formé, parce que tu ne peut pas recevoir si le bol est plein de trous. Pour faire un réceptacle de ta main, ta main va symboliser toute la matière, toute la terre, et elle va directement l’absorber d’un point qui se trouve entre ton sexe et ton anus. Absorbe par ce point toute l’énergie des pieds, mets toute l’énergie du squelette. Tout ton corps est un instrument de réception. Tes mains vont être comme un accumulateur de toute l’énergie que te communiquent tes pieds. Si tu déplaces tes pieds, tu vas aussi déplacer tes mains, d’une manière ou d’une autre, donc la source du mouvement de tes mains est dans tes pieds. Alors, tu mets ta main là et tu sens que tes pieds te donnent complètement l’appui, qu’ils sont la racine de ta main. Sens cela.

Et ensuite, montes dans tes chevilles, jusqu’aux genoux, et par tes cuisses et tes fesses, ton sexe, jusqu’à la ceinture. Et toute cette force, tu la met dans ta main. Tu as communiqué avec toute la partie basse de ton corps. Pour le faire, il est bon de maintenir la colonne vertébrale bien droite si on peut, sinon, tu te peux soutenir contre le mur.

Tu montes maintenant par la colonne vertébrale, tu prends la force des bras, de ta poitrine, de ton cou, de ta tête, et tu sens la force de la respiration, et tu te rends compte que tu es en train de respirer. Dis-toi « Je respire. Je prends toute l’énergie de mon corps dans ma main, je prends les battements de mon cœur, la force de mon foie, la force de mes reins, de mon pancréas, de mes intestins. » Imagine ceci, enfant chéri de l’âme, ensuite ceci ira dans ton inconscient, lentement.

Dans l’ancienne Égypte quand on faisait une momie on lui sortait tous les organes et les mettait dans un vase. Dans cette main est le vase qui contient tous tes organes. Cela signifie un corps vide. Quand tu es sur la voie, ton corps est vidé de toute possession. Il n’est plus ton corps, c’est un corps. Qu’entre toutes le réincarnations il soit seulement un véhicule qui doit être exempt de toute possession. Tu laisses tes pieds vivre leur propre vie, tu laisses tes jambes vivre leur propre vie, tu laisses ton sexe vivre sa propre vie, tu laisses vivre ta poitrine, tu laisses vivre tes bras, tu laisses vivre ton cou, tu laisses ta tête vivre sa propre vie. Tête, esprit, cerveau, tout cela ne t’appartiens pas.

Maintenant, chéri de mon cœur, répète avec moi : « Par ce geste magique, je reconnais que ma matière appartient à la matière, que mon corps est un véhicule auquel je ne m’accroche pas. Par ce mouvement, je perds ma face, par ce mouvement je perds ma forme, par ce mouvement, je perds mon sexe et mon âge, par ce mouvement je perds toute étiquette. Je suis une pierre entre les pierres, et je fais partie de la terre. Par cette main, je commence à communiquer avec tout mon corps, et mon corps va communiquer avec toute la matière de la terre. Ici, j’ai l’énergie des roches, j’ai ici l’énergie des montagnes. Par ce geste, je me transforme en montagne, éternelle, forte, sans moi apparent. »


C’est ainsi mon petit, que l’on va vers plus de profondeur. Une montagne communique avec toute l’écorce de la terre, une montagne communique avec tout le centre de gravité, avec toutes les profondeurs, avec la planète entière. Par ce geste, tu deviens la planète entière, la matière de la planète entière, et tu es aussi solide que la planète.

Tu te maintiens comme une montagne. Aucune pensée incontrôlée ne va faire que tu te déplaces, aucun sentiment incontrôlé ne va faire qu’on te déplace, aucun désir incontrôlé ne pourra te bouger, aucune fatigue ne pourra te bouger, aucune angoisse ne pourra te bouger, aucune menace ne pourra te bouger. Tu te livres à ton être physique et tu te transformes en montagne. Tu te transformes en toutes les montagnes, et aussi, quand tu te communiques avec la matière, tu te convertis en la matière de l’univers entier. Tu communiques avec tous les atomes, avec tous les minéraux, tu as la force de l’or, de l’argent, du cuivre, du plomb. Tu reconnais par cette main la force infinie de ton corps. Et ton ego se transforme en quelque chose de trop petit pour cette immense monument qu’est ton corps.

Maintenant tu vas te dire :

« La réception est ouverte, parce que quand je me suis transformé en montagne, quand je suis devenu la matière de la planète entière, c’est quand je peux enfin recevoir, dans ce récipient, la totalité ; parce que le récipient est fait, il est solide, il est en même temps constitué et vidé de mon moi. Et je laisse venir l’énergie de la reproduction, j’ouvre la porte de mon sexe qui est une énergie d’éternité, une énergie divine, que je reçois dans cette main. Je communique avec mon sexe et avec l’énergie divine qui maintient le présent. Je laisse venir l’énergie créative de tout être vivant. À travers l’énergie sexuelle, j’accumule l’eau puissante de la sexualité, qui n’a rien voir avec mes désirs personnels. C’est l’énergie de tous les êtres qui sont avec moi, je parle de l’énergie de tous les êtres qui sont vivants, je parle de l’énergie de tous les animaux, de l’énergie de toutes les plantes, de l’énergie de toutes les planètes, de l’énergie du soleil, de l’énergie des racines, de l’énergie des semences, de l’énergie des cocons, de l’énergie des fleurs, de l’énergie des insectes, de l’énergie de la pluie, de l’énergie de tous les océans. Dans cette main, dans cette montagne, j’ai l’énergie créative totale… Et j’absorbe la vie. Dans cette main est la possibilité de la vie totale. Toute la reproduction, les étoiles qui vont naître, les comètes, la danse du cosmos, me donnent la puissance dans cette main. Et je laisse tomber la force d’un point qui est sur mon nombril, la force de mon feu, et en ce moment, l’eau que j’ai récoltée commence à flamber,elle se transforme en une énergie qui circule dans tout mon corps et dans toute la terre et dans toute la vie. Et je prends part à ce feu complètement purificateur, et je suis ici, avec ce feu qui brille, avec la solidité des montagnes, et je vais recevoir l’immense chaleur de ma poitrine, qui va être projetée vers tous les points de l’espace. Ce soleil, cette lumière, cette flamme, cette chaleur sont dans ma poitrine. Je sens que ma poitrine est ouverte, parce qu’elle a une racine dans cette main, et n’a pas peur de se dissoudre. Ce que j’ai dans cette main, dans cette montagne qui flambe, c’est l’univers complet. Je commence à sentir toute la lumière que je porte, infinie, pleine d’énergie et de chaleur, transparente, solide, et je l’ai dans ma main. Tout la brillance de mon esprit qui dépasse les nuages et entre dans ce qui est profond, dans l’obscurité, et ma main va plus loin encore, parce qu’elle va trouver la conscience, transparente, cosmique, universelle. C’est ma main qui a la conscience, et cette conscience est le produit de l’amour pur, total, de la création, qui émerge comme la vie, du non-manifesté, du vide, du vide admirable, et tout cela arrive dans ma main. Je possède cette main comme le fondement total de mon être cosmique, et c’est seulement quand j’ai dans cette main l’énergie totale, que je peux étirer l’autre main, la droite, et agir sur la terre. »

Comprends ce que je dis. Un être qui met cette main là, à touché son périnée, sa force, sa solidité, son sexe, son énergie, sa flamme intérieure, sa purification, son feu. Et ensuite il s’est ouvert dans sa poitrine, il s’est ouvert vers sa chaleur, vers sa lumière, vers sa conscience, vers l’amour, qui n’est pas un amour que tu as pour toi, mais un amour cosmique, la bienveillance de l’univers. Ensuite, cet être s’est ouvert au vide, au non-manifesté.

Je te regarde, enfant chéri de l’âme, je surveille cette montagne qui a vaincu son angoisse, sa forme, sa face, sa demande, sa dispersion. C’est une montagne qui est comme la manifestation de la nature, inondée d’amour. Avec cette position le corps se transforme en cadeau, un cadeau à l’humanité et un cadeau au monde. C’est le degré le plus haut de l’humanité. On possède à la fin son propre être. On affirme être un bol rempli.

Voici est un geste qui signifie traditionnellement « écraser une montagne ». Il est tellement fort, tellement rempli de décision, d’énergie, qu’il peut faire tomber une montagne. Regarde la force qu’a cette position, quand tu n’as pas peur. Tu n’as pas peur d’être brûlé par le feu, le feu ne te brûle pas. Tu n’as pas peur d’être enterré par la terre, la terre ne te touche pas. Tu n’as pas peur d’être noyé par l’eau, l’eau ne te noie pas. Tu n’as pas peur d’être dispersé par le vent, le vent ne te disperse pas. Tu n’as pas peur d’être invisible, parce que l’invisibilité ne t’enlève pas la conscience. Tu n’as pas peur de l’amour, parce que l’amour se transforme en toi. Tu n’as pas peur de la vie, parce que la vie c’est toi. Tu n’as pas peur du non-manifesté, du mystérieux, parce que le mystère c’est toi. Écrase tout ce qui vient de dessous, toutes les menaces qui viennent du passé, toutes les choses qui n’ont pas été réalisées, les souffrances, les cauchemars, l’infantilisme. Tu les arrêtes.

Allons, dis-moi ce que tu te promets :

« Le matérialisme, je l’arrête, parce qu’il ne va pas enterrer ma conscience, ni mon amour, ni ma sexualité, j’arrête le matérialisme et je n’ai pas peur du matériel, on ne me menace pas avec l’argent. Ma créativité peut arrêter l’angoisse économique. On ne me menace pas avec des endroits putréfiés, où on ne peut pas respirer. J’arrête la peur de tout ce qui est souterrain, j’arrête la peur inconsciente ; je mets la main là, et je conquiers tous ces démons, parce que je me suis rendu compte de la force que j’ai, que ces démons sont la manifestation de de mon moi. Rien d’autre que moi, parce que je suis tout. Alors, je pacifie ces démons et je vais les mettre à mon service. Je mets une antenne vers la terre, et avec la force que j’ai, je les pacifie. Et je suis si fort que j’obtiens la victoire, je les arrête et je les canalise. Je les canalise vers ce canal de force, de lumière, d’amour que je suis, et au lieu de me détruire, ils me nourrissent. »


Tu commences à prendre l’aliment de la terre. Médite sur cela. À partir de tes angoisses, tes angoisses économiques, de création, professionnelles, de maladie, de fatigue, tout type d’angoisses. Elles peuvent être arrêtées par la force de ce travail que tu as fait aujourd’hui, elles s’arrêtent et elles sont mises à ton service.

Quand tu fais ceci, tu réveilles les forces positives de la terre. Qu’est-ce que c’est, réveiller les forces positives de la terre ? C’est transformer tout ce qui est négatif en aliment pour tout ce qui est positif. On n’élimine pas, on transforme. Parce que tout es toi. C’est ce que j’appelle subjuguer. Parce que tout ce qui est négatif doit te donner son énergie et se transformer en une partie de toi. Tu danses avec ton ennemi. Et comme peut-il être transformé ? Par la connaissance des points centraux de ta colonne. Un, deux, trois, quatre, cinq, six et sept, ce sont les portes.

Tu dois sentir entre le sexe et l’anus tes sensations, et ensuite, à la hauteur du pelvis, chercher un point dans lequel tu sens toute ta force sexuelle qui te traverse. Et deux ou trois doigts sous le nombril, sens vraiment toute la force de ton centre de gravité. Dans la poitrine tu dois sentir que toute la cage thoracique s’ouvre chaleureusement. Ici, c’est la naissance de la racine du langage, c’est la purification et la communication. Et ici, envers le centre du cerveau, vers la glande pinéale, à partir de là, le cerveau doit se remplir de lumière. Et tout cela doit partir comme un canal qui va de l’anus à la tête et va vers la communication universelle et cosmique. Il n’y a aucun mystère, il n’y a rien de plus que des sensations.


Les corps ne sont mexicains ni hindous, ni chinois, ni français, ni noirs, ni juifs. Le corps est un corps humain, qui a sa sagesse. Et chacun de nous porte sa sagesse. Alors par la sagesse, par la sensation, par le mouvement d’énergie qui se fait, on peut passer la connaissance à la terre. Comme une montagne. Et alors tu deviens calme. Calme-toi. Arrête de tout te permettre. Par cette position, je ne me permets rien. Je suis un axe. J’arrête les sentiments infantiles, les fantasmes, les colères, les peurs, les angoisses, les peines, les culpabilités, les injustices, la critique. J’arrête, je prends ma force, je me transforme en ce que je suis. Et j’étire ma main vers le bas et je le contrôle, mais je le contrôle par la sagesse. Je donne la connaissance par la sagesse.

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